A partir des années 1950, l’automobile a changé la morphologie des villes et la vie quotidienne de leurs habitants. Il a fallu que la ville s’adapte à l’automobile. C’était le mot d’ordre de l’époque. C’est un fait connu.

On ne mesure pas toujours, pourtant, la radicalité, dans le paysage urbain, des mutations forcées induites par l’automobilisme. La construction de l’autoroute A1, à Saint-Denis, autoroute urbaine non couverte, illustre ce moment où les intérêts de la circulation automobile s’imposent envers et contre tout.

Cela se passe dans les années 1960. Saint-Denis est alors une grande ville industrielle et ouvrière. L’autoroute lui est imposée et les habitants vont assister à la défiguration du grand quartier populaire de La Plaine Saint-Denis. Le quartier est coupé en deux. Il faudra attendre 1998, et de longues années de mobilisation, pour que l’autoroute soit enfin couverte et ses deux contre-allées replantées d’arbres d’alignement.

Le film présenté dans ce focus est un film à la fois technique et politique. Il met en avant le savoir-faire des ingénieurs des Ponts et Chaussées qui doivent réussir à creuser l’autoroute sans jamais interrompre la circulation.

Il démontre aussi des choix qui conduisent à juxtaposer voirie locale et voirie nationale et à créer un nœud routier au centre de Saint-Denis pour assurer la fluidité d’un trafic automobile lié à la desserte de Paris.

Au-delà de l’histoire de l’automobilisme et de l’architecture des routes, ce film présente de multiples intérêts. On y découvre le paysage industriel de La Plaine des années 1960 grâce à des vues aériennes prises en hélicoptère ou des plans filmés à hauteur d’homme tout le long de l’avenue du Président Wilson. On y découvre également la nature du travail des ouvriers de ce monumental chantier. A ce titre, ce film est aussi un document sur l’histoire du travail dans le BTP.

Focus publié le 20/03/2012.